Henriette de la Gaitée

Démarrée le : 9 août 2020, à la Gaitée

Ré-installation d'une éolienne Tripalium sur la ZAD en 2020

Éolienne Sème Ta ZAD.

En 2013, dans la foulée de l’échec de l’opération d’expulsion de la ZAD de Notre Dame des Landes, une myriade de nouveaux lieux se sont créés dans le bocage afin défendre la zone contre le projet d’aéroport du grand ouest. Au delà de cette lutte pied a pied face à l’État et Vinci, beaucoup d’habitant-e-s se sont lancées dans une révolution profonde du quotidien aussi bien sur le plan de la production alimentaire, de l’habitat ou de l’organisation collective. Sur un site isolé comme les 100 noms il est vite apparu la nécessité de produire directement de l’électricité pour un collectif d’une dizaine d’habitant-e-s ainsi que leurs voisin-e-s. C’est ainsi qu’un chantier de construction d’une éolienne Piggott avec Tripalium a eut lieu sur la ZAD à l’hiver 2013.

Partie prenante de cette nouvelle phase dans l’histoire de la ZAD, le safran de l’éolienne représente un lapin tirant à l’arc avec un carotte. C’est une référence directe à la manifestation « Sème Ta ZAD » qui avait eu lieu au printemps 2013 et avait marqué la remise en culture de différents jardins et champs sur la ZAD ainsi que la fin de l’occupation militaire des mois précédents.

Tombée au sol quelques mois après sa levée pour une sombre histoire de lutte anti-technologie intraZAD, l’éolienne de 700w fut réparée et remontée grâce a la détermination de quelques membres de Tripalium et des habitant-e-s des 100 noms. De 2014 à 2018, l’éolienne a permis d’éclairer les longues et joyeuses soirées d’hiver, de mettre la sono à fond tard le soir ou tôt le matin, de faire un nombre incalculable de soupes, de houmous et pesto avec un mixeur plongeant et de recharger les batteries de visseuses, de téléphones et d’ordinateurs portables des 100noms et de leurs voisin-e-s.

Éolienne gardant le cap dans la tempête post aéroport.

En 2018 l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport et la vague d’expulsions qui l’a suivie a mis les 100 noms comme d’autres lieux en première ligne face aux militaires et aux pelleteuses. Les jours précédents l’expulsion, l’éolienne a fourni l’électricité nécessaire afin de passer les coups de fils ou d’envoyer les mails nécessaires pour prévenir des menaces d’expulsions imminentes. En parallèle c’est grâce à cette éolienne qu’ont été produits certains des premiers documents qui assureront la protection administrative et agricole de la ZAD au sortir des expulsions de 2018.

Le jour de l’expulsion du 9 avril 2018, jusqu’au dernier moment, les batteries de l’éolienne ont rechargé téléphones, cameras, talkie walkies et ont alimenté la cibi qui rendit l’antenne quelques instants avant la destruction de la maison collective. L’éolienne du haut de ses 18m a du impressionner les forces de l’ordre qui la laissèrent sur place intacte alors que les restes des lieux de vie au 100 noms et alentours se faisaient systématiquement enlever par les pelleteuses et camions, sous le couvert des gaz et des grenades de la gendarmerie.

Remontage de l’éolienne dans la joie et la Gaité

Une fois le feu des expulsions passé, l’éolienne fut démontée et stockée en lieu sûr. Le 17 janvier 2020 pour la fête des 2 ans de l’abandon du projet d’aéroport, une charpente traditionnelle a été montée sur le site de la Gaité à l’Est de la ZAD, point de départ pour la reconstruction des lieux détruits par le projet d’aéroport. Sans eau ni électricité, ce site se prête bien à l’installation d’une éolienne pour les besoins de 4 personnes reconstruisant un lieu de vie et d’activités agricoles diverses (cultures de céréales et oléagineux, élevage ovins ainsi que des volailles, du maraîchage et des bovins à terme).

Le chantier de remontage de l’éolienne a donc eut lieu à l’été 2020, avec la construction d’un nouveau mat, le précédent ayant disparu dans la prairie au démontage et avec l’installation d’un local batterie complété par deux panneaux photovoltaïques de 210W chacun. Lors du chantier l’éolienne « sans noms » a été baptisée Henriette. Fraîchement baptisée, Henriette est tombée amoureuse de Ginette, l’éolienne de la Maison de la Résistance à Bure ; où est prévu l’enfouissement des déchets radioactifs produits par l’industrie nucléaire. Construire des lieux d’autonomie énergétique et politique va de pair avec la lutte directe contre des projets inutiles, imposés et destructeurs du vivant.